« Pour dormir, je mets mon dos contre la portière et j’allonge mes jambes sur le siège passager », mime Patrick à la porte de son Renault Express attaqué par la rouille. Cela fait huit mois que cet homme de 62 ans dort dans sa voiture dans un endroit calme et peu éclairé de la ville. Le jour, il se gare sur le parking de Carrefour, « pour être au milieu des gens ». À la brasserie de la galerie commerciale, on le voit tous les matins qui vient « boire son petit café ». Il reste discret et ne quémande rien. Dans le magasin, il achète lui-même de quoi manger. « Des sandwichs, des fruits, etc., commente-t-il. Je mange froid à tous les repas. »
« J’ai des couvertures »
Il a froid aussi la nuit. « J’ai des couvertures, montre-t-il en désignant le coffre où les provisions et les vêtements s’entassent dans un bazar organisé. Mais la nuit, même en ce moment, il ne fait que 5 degrés dans la voiture. » Son petit chien, Isabelle, lui tient compagnie. De temps en temps, il va faire sa toilette dans les foyers d’accueil d’urgence. Ses journées, il les passe avec Agnès, de cinq ans son aînée. C’est une sorte de belle-mère pour lui.
« J’étais en couple avec sa fille, et puis un jour elle est partie pour un plus jeune que moi », raconte-t-il. Lui est resté vivre avec Agnès, dans son appartement à Saint-Omer. Mais il y a eu des problèmes avec le voisinage. Le bailleur social a formulé plusieurs propositions de relogement. Toutes refusées par Agnès. Elle a un temps été hébergée en foyer, où ça ne s’est pas bien passé non plus. Depuis février elle dort dans un hôtel bon marché, qu’elle paye avec sa retraite. « Tous les jours je prends le bus pour venir voir Patrick. » Ils mangent dans la voiture, marchent un peu. Puis, à 17 heures, Agnès regagne son hôtel, jusqu’au lendemain matin.
« On voudrait un logement, avec deux chambres séparées, on ne veut pas dormir ensemble», souligne Agnès. Des démarches sont en cours. Patrick est justement en train de rédiger un courrier qu’il adressera à un service social. « J’espère qu’on trouvera une solution avant l’hiver. J’en ai marre de vivre comme ça. »
D’autres cas dans l’Audomarois
Il y a aussi Philippe, qui dort depuis plusieurs années dans sa voiture sur le parking d’Auchan. La journée, il travaille dans une entreprise du secteur. Il s’y douche dans les vestiaires, après son poste. Le soir, il reste dans sa voiture. Pour laver son linge, il s’arrange avec des collègues ou avec les centres d’assistances existants. « C’est plus un choix de vie, commente un travailleur social. Il refuse de se retrouver en foyer d’hébergement. Et il aurait les moyens de vivre dans un appartement, mais jusque-là, il n’a jamais voulu faire la démarche. »
Il y a aussi Renaud, un jeune d’une vingtaine d’années arrivé d’un département voisin voici quelques mois. Il a de la famille en ville mais les liens sont distendus. Alors, il a planté sa tente, dans un terrain vague, où il vit avec son chien. « Pour avoir une place en foyer, il devrait se séparer de son chien, ce qu’il refuse absolument. » Tous vivent discrètement, sans chercher à attirer l’attention. Leur sort est connu du service de maraude du SAMU social, qui veille sur eux.
Bonjour, le WE se termine beau temps, en ce moment je suis sur mon balcon avec minouch, malheureusement il y a pas mal de bruit. Je te souhaite un bon lundi. Grosses bises